Jan Christiaan Smuts
Général et Homme politique
Bovenplaats - Afrique du Sud, 24 mai 1870 || Irène - Afrique du Sud, 11 septembre 1950
Jeunesse
Jan Smuts est né le 24 mai 1870 dans une famille afrikaner de Bovenplaats près de Riebeeck West, district de Malmesbury dans la colonie du Cap. Fils cadet d'une famille de 6 enfants, ses ancêtres sont des Néerlandais du côté paternel et des huguenots français du côté maternel.
Son père, Jacobus Abraham Smuts, était un fermier, mais aussi un notable, plus tard député de la circonscription de Malmesbury au parlement de la colonie du Cap. Sa mère, née Catherina Petronella, était la sœur du prédicateur de l'Église réformée hollandaise. De bonne éducation, cultivée, musicienne, elle avait appris le français au collège du Cap ce qui en faisait une érudite pour l'époque notamment au sein de sa communauté rurale.
En 1878, la famille Smuts déménagea à Klipfontein, treize miles plus loin.
Fils cadet, la coutume voulait donc que la ferme familiale revienne, à la mort du patriarche au fils ainé de la famille et non à Jan. C'est pourquoi, souvent, seule l'éducation de l'ainé était la plus poussée. Mais en 1882, Michiel, le fils ainé des Smuts, meurt de la typhoïde mettant Jan en 1re position de succession. Âgé de 12 ans, il fut alors envoyé à l'école de Riebeek West. Après toute une enfance passée dans un environnement rural, conservateur et afrikaner, ne parlant pas anglais et d'éducation rudimentaire, il se retrouvait avec un grand retard à rattraper. Mais après seulement quatre années d'école, il avait non seulement comblé son retard sur ses camarades, mais obtenait dorénavant de meilleurs résultats qu'eux. Lors des examens de fin de scolarité, ses résultats étaient les deuxièmes meilleurs de toute la colonie.
Études
À l'âge de 16 ans, en 1886, il se présenta à l'examen d'entrée du prestigieux collège afrikaans de Victoria à Stellenbosch et fut reçu. Il passa cinq années dans ce collège où il se fit remarqué par son excessive timidité, un comportement très studieux, sans vie sociale, se tenant volontairement à l'écart des autres étudiants. Autodidacte, il apprit le hollandais sans recourir à un professeur. Il fit de même avec l'allemand, le grec ancien afin d'étudier les lettres classiques dans le texte. Le dimanche, il ne manquait aucun service religieux, lisait la Bible aux enfants métis et effectuait de très longues promenades et randonnées solitaires à travers le veld sud-africain.
Il finit cependant par sortir de sa réserve et commença à écrire dans le magazine du collège et à participer à des débats politiques. Il devint ainsi le président de la société de débat du collège. C'est dans ces conditions, en 1888, qu'il fut amené à écrire et prononcer le discours de bienvenue à Cecil Rhodes, en visite au collège et, à l'époque, potentiel premier ministre de la colonie. Smuts rédigea un discours sur le panafricanisme proche des idéaux de Rhodes, partisan de l'union africaine sous l'égide du Royaume-Uni.
Jan Smuts
En 1891, Smuts fut diplômé avec mention en littérature et en science. Âgé de 21 ans, il obtint alors une bourse d'études pour étudier le droit au Christ's College de l'Université de Cambridge en Angleterre.
À Cambridge, plus âgé de deux à trois ans que ses condisciples, il est encore isolé. Isolation accentuée par ses origines sociales et culturelles. Il vivait de plus dans des conditions modestes, la bourse ayant été insuffisante et diminuée de moitié à cause d'une erreur de la banque. Il avait dû utiliser toutes ses économies pour payer le voyage vers l'Angleterre et y vivait presque de la charité de ses anciens amis et professeurs de Stellenbosch dont J.I. Marais, enseignant en théologie. Pour remercier ce dernier, à son retour au Cap, Smuts prit une assurance-vie dont il fit de Marais le bénéficiaire.
Smuts participa néanmoins au journal du collège et à sa société des débats sans réellement se créer beaucoup d'amis, juste des relations.
En 1893, il gagne le prestigieux prix George Long en droit romain et jurisprudence. Il est à l'époque décrit par le Professeur FW Maitland, comme l'un des plus brillants étudiants en droit qu'il ait rencontrés.
En 1894, il est diplômé, mais au lieu de suivre une prestigieuse carrière en droit qui s'annonce pour lui en Angleterre, il préfère revenir dans la colonie du Cap.
Le jeune homme politique afrikaner
- Le libéral du Cap
À son retour au Cap, il est reçu avec les honneurs par l’intelligentsia locale, mise au courant de son parcours brillant en Angleterre. Avocat, pourtant, il déçoit. Ses manières et sa timidité l’empêchent de se lier dans son milieu professionnel avec ses collègues.
Il a alors peu de clients à défendre et se tourne vers le journalisme pour arrondir ses fins de mois, écrivant en hollandais ou en anglais sur des sujets aussi divers que la littérature, la randonnée, la politique. Il devient alors un collaborateur régulier du Cape Times.
Politiquement, il commence à s’engager du côté des unionistes britanniques et de la politique d’expansion économique et territoriale. Il rejoint alors l‘Afrikaner Bond, partisan de l’unité sud-africaine, où il rencontre Jan Hofmeyr. Sous la recommandation de ce dernier, la compagnie de Beers, propriété de Cecil Rhodes, l’embauche comme conseiller juridique. À cet emploi, il délivre ou participe à de nombreux discours prenant la défense de la politique volontariste de Rhodes.
En 1895, il est de ces Afrikaners du Cap choqué par le Raid Jameson contre le Transvaal, orchestré par Rhodes et qui avait pour but de renverser le gouvernement légitime de Paul Kruger, pour le remplacer par un gouvernement probritannique qui aurait demandé l’intégration à l’Empire. L’affaire fut un fiasco.
Si l’Afrikaner Bond et Hofmeyr se contentent de censurer Rhodes au parlement, Smuts, lui, rompt ses liens professionnels et politiques avec son mentor. Il quitte Le Cap pour Riebeek West. Au bout de quelques mois, il décide de quitter la colonie, de résilier son statut de sujet britannique et, en août 1896, s’établit à Johannesburg, au Transvaal, comme avocat.
- L'Afrikaner nationaliste du Transvaal
Ses vieilles manières, sa timidité, son dédain pour tous les vices ne lui facilitent pas la vie à Johannesburg. Il déménage rapidement pour Pretoria où il reprend sa carrière de journaliste politique.
Ses positions anciennes libérales pro Rhodes et probritannique ne pouvaient rencontrer aucun écho dans la rude et conservatrice république boer. Mais pragmatique et animé d’un instinct politique hors du commun, il parvient assez rapidement à se faire adopter par le monde politique du Transvaal avec un discours diamétralement opposé à celui qu’il tenait au Cap. Ainsi, avec la foi des nouveaux convertis, ses chroniques dans la presse afrikaans sont radicalement antibritanniques dont il conspue l’impérialisme. Il parcourt alors tout le pays avec un discours virulent appelant à la résistance contre les diktats britanniques.
Sa rencontre avec Paul Kruger n’est pas facile. Le vieux président est méfiant envers la jeunesse afrikaner et préfère s’entourer de comparses des temps anciens ou de vieux néerlandais. Au contraire, Smuts veut assumer l’africanité des Afrikaners, la liberté de l’Afrique du Sud et rompre tout lien avec la lointaine Europe. Il fonde dans ce but le « Mouvement des jeunes Afrikaners » destiné à promouvoir l’identité de la communauté à laquelle il appartient.
En 1898, Paul Kruger est élu une troisième fois à la présidence du pays contre le chef de la Cour de justice, John Gilbert Kotzé. Son conservatisme politique est alors à l’opposé du libéralisme de Smuts, outré par les libertés que Kruger se prend notamment par rapport à la séparation des pouvoirs. La dernière crise en la matière est pourtant une opportunité pour Smuts qui présente un mémoire de défense de Kruger particulièrement bien argumentée et légitimant le renvoi de Kotzé de la Cour de justice par Kruger.
- Le ministre de la Justice du Transvaal
Âgé seulement de 28 ans, Smuts est alors nommé ministre de la Justice de la république du Transvaal et en profite pour demander presque immédiatement à Kruger le renvoi des vieux ministres néerlandais. Ce toupet sidéra ses partisans comme ses adversaires, mais sa réputation, son audace est désormais établie. Désormais, la vieille garde de Kruger composée de Néerlandais âgés est hors jeu. Smuts entreprend d’éradiquer tout l’ancien système lié à la vieille garde, renvoie le chef de la police de Pretoria, et centralise les forces de police à son ministère. À ce poste, s’il gagne le respect et l’engouement des jeunes afrikaners, il se multiplie les ennemis chez les Néerlandais, les vieux Afrikaners et les Britanniques.
En 1898, la menace de guerre avec les Britanniques est réelle. Lors de la conférence de paix de Bloemfontein sous l’égide du président Marthinus Steyn, Smuts fait partie de la délégation du Transvaal. Son anglais courant lui permet de suivre les conversations de la délégation britannique et de se poser en interlocuteur à la place de Kruger face à Lord Alfred Milner, le haut commissaire au Cap. La conférence est finalement un échec.
Le général Boer
Le 11 octobre 1899, débute la guerre des Boers, entre le Transvaal et l’État libre d'Orange d’une part et le Royaume-Uni d’autre part.
Smuts est alors le bras droit de Kruger à Pretoria, écrivant les discours, diffusant la propagande, organisant la logistique et maintenant le contact avec les ambassades du pays en Europe.
Après les défaites boers de Ladysmith, Mafeking et Paardeberg, les forces armées britanniques avancèrent sur l’Orange et le Transvaal. Le gouvernement de Kruger est alors obligé de quitter la capitale sud-africaine pour Machadodorp. Avant d’évacuer, l'ordre de Smuts de détruire les mines d’or qu’il concevait comme l’objectif principal des Britanniques est invalidé par un juge. Il lève alors une armée de 500 hommes, vide les coffres-forts de la ville, s’empare des réserves d’or du Transvaal, les place dans un train sous son escorte à destination de Machadodorp.
Alors que Kruger s’embarque pour un voyage sans retour en Europe, Smuts rejeta l’offre de paix des Britanniques et organisala résistance et les commandos dont les directions sont prises ou confiés notamment aux généraux louis Botha, James Barry Hertzog, Christiaan de Wet et Koos de la Rey.
Smuts combattit au côté de De La Rey, attaquant et harcelant par petits groupes les arrières britanniques. Telles des piqûres de guêpes, ils parvenaient à affaiblir leur adversaire.
La mise en place de camps de concentration par les Britanniques, de tranchées de barbelées et la tactique de la terre brûlée va progressivement entamer la résistance boer dont les succès seront de moins en moins nombreux.
Après avoir échappé une douzaine de fois à la traque lancée contre lui par le général britannique Kitchener, Smuts fut désigné pour mener une attaque de grande envergure, un raid sur la Colonie du Cap avec un groupe de 240 hommes armés, dans le but était de soulever et de rallier à leur cause les Afrikaners du Cap.
L’expédition fut un échec. Smuts et ses hommes étaient isolés de toute base arrière de repli, n’avaient pas de soutien local et étaient victimes de dysenteries alors qu’ils étaient traqués par les soldats britanniques et leurs redoutables alliés Basuto. Au bord de l’insurrection, le petit groupe de résistants parvint néanmoins à s’emparer d’un escadron de cavalerie britannique, de voler leurs uniformes, munitions, chevaux, nourritures et leurs armes. Il s’ensuivit alors de petites escarmouches pendant de longs mois, mais jamais Smuts et ses hommes ne furent fait prisonniers.
Smuts établit alors un quartier général près de la rivière Hex où il repensa toute sa stratégie. Son armée avait gonflé au fil du temps pour atteindre près de 3000 hommes, principalement des fermiers. Mais il avait conscience que toutes ses attaques de commandos ne lui feraient pas gagner la guerre et ne contribuaient qu’à prolonger des souffrances et des haines inutiles. Il lui fallait une dernière victoire pour amener les Britanniques à négocier. La bataille eut lieu à Okiep, un centre minier. S’il ne remporta pas la victoire espérée, sa résolution au combat impressionna les Britanniques qui lui proposèrent de parler de paix à Vereeniging.
À la conférence, les républiques boers envoyèrent chacune trente délégués élus par les membres des commandos. Celle de l’Orange était composée de Steyn, de De Wet et d’Hertzog. Elle refusa toute reddition, voulant poursuivre la guerre. La délégation du Transvaal était favorable à la paix et ses élus étaient majoritairement des hommes de compromis. Smuts avait été désigné par Louis Botha comme conseiller juridique de la délégation. Son influence sur les délégués fut primordiale pour arracher le compromis. Son argumentation et ses connaissances militaires et politiques furent imparables et aucun autre délégué ne put contre-argumenter. C’est ainsi qu’il rallia finalement plusieurs délégués de l’Orange sur la base d’un compromis proposé par Francis William Reitz, consistant à terminer la guerre et à demander une souveraineté limitée pour les républiques. À Pretoria, Smuts se trouva un allié en la personne de Kitchener, d’accord avec lui sur la futilité de cette guerre.
Le 1er mai 1902, le traité de Vereeniging, principalement rédigé par Smuts et Kitchener, était présenté à la signature des représentants du Transvaal, de l’État libre d’orange et du Royaume-Uni.
L'homme politique
La paix revenue, Smuts reprend son métier d’avocat, l’activité où en fait il excellait le moins. Il n’était pas aimé par les Britanniques alors que de nombreux Afrikaners lui reprochaient d’avoir empêché une lutte à mort contre l’occupant ou à l’inverse d’avoir prolongé la guerre après la chute de Pretoria.
En janvier 1905, le général Louis Botha, Jan Smuts et plusieurs anciens généraux boers constituèrent un parti pour unir les Afrikaners est baptisé « Het Volk » (le peuple). L’objectif est d’obtenir un gouvernement autonome et la constitution d’un état sud–africain.
1905 est aussi l’année où le mandat de l’intransigeant Milner comme haut commissaire arrivait à expiration. Un homme plus conciliant lui succéda en la personne de Lord Selborne, par ailleurs admiratif des exploits de Smuts.
À la même époque, un gouvernement libéral succéda à un gouvernement conservateur au Royaume-Uni avec Sir Henri Campbell-Bannerman comme premier ministre. Ce nouveau gouvernement puis le nouveau parlement britannique élu en février 1906 comprenaient de nombreuses personnalités anti-impérialistes dont certaines avaient sympathisé avec la cause des républiques boers. Smuts profita de cette opportunité pour se rendre à Londres où il trouva à son étonnement une très forte opposition à la politique conservatrice qui fut menée en Afrique du Sud par le gouvernement britannique. Il trouva ainsi facilement des interlocuteurs avec qui discuter et à qui proposer l’établissement de gouvernements autonomes dans les anciennes républiques boers.
Le premier ministre (par intérim) de la colonie du Transvaal
C’est ainsi qu’en décembre 1906, une nouvelle constitution, rédigée avec la participation des représentants d’Het Volk fut promulguée pour la colonie du Transvaal. La première élection générale qui suivit fut sans surprise un triomphe. Smuts fut élu à Wonderboom près de Pretoria et Louis Botha fut désigné premier ministre du Transvaal. Smuts obtint alors les portefeuilles de secrétaire colonial et secrétaire à l’éducation.
Botha ne tarda pas à effectuer d’importants déplacements en Europe laissant Smuts gérer les affaires courantes du Transvaal. C’est alors qu’il dut affronter une crise avec l’Église réformée hollandaise qui demandait l’enseignement obligatoire du calvinisme et du seul afrikaans à l’école. Smuts était un partisan de la laïcité de l’état et du bilinguisme anglais afrikaans. Refusant les doléances de l’Église, il est alors personnellement attaqué et injurié par les pasteurs.
L’autre crise à laquelle est confronté Smuts est l’immigration indienne et malaise en Afrique du Sud et au Transvaal en particulier. Il doit alors prendre des mesures radicales (restriction du droit du travail des Indiens, enregistrement obligatoire…) pour protéger les emplois et salaires des blancs les plus pauvres et des mineurs. Il rencontra alors un opposant inattendu, adepte de la non-violence, Mohandas Gandhi, avocat de Durban. Ce dernier est emprisonné à plusieurs reprises provoquant une réaction inattendue de la presse, caricaturant Smuts en nouveau Paul Kruger : fier, cruel, réactionnaire. Un compromis est finalement trouvé entre Smuts et Gandhi, mettant fin à la campagne de non-violence.
Un rédacteur du South African Act
Gouvernant la colonie la plus riche et la plus rentable d’Afrique du Sud, Botha et Smuts pouvaient faire avancer leur projet politique d’état sud-africain auprès des autorités britanniques. Jusqu’à présent, seule une union douanière et ferroviaire unissait les colonies.
Smuts argumenta sur le fait que l’union politique était inévitable tout comme l’union économique l’avait été. La route de l’union était pour lui le seul chemin à prendre pour mettre un terme définitif à la rancœur issue des luttes fratricides du passé. Il fut le premier à alors évoquer le thème de la nation sud-africaine. Il préconisa un système constitutionnel unitaire et non fédéral comme les États-Unis d’Amérique dont il critiquait les disparités et les inerties engrangées par la bureaucratie. Mais il lui fallait imposer cette approche alors que le système fédéral avait de nombreux partisans.
En octobre 1908, des centaines de délégués de toute l’Afrique du Sud vinrent participer à la conférence de Durban, afin de départager les partisans du régime unitaire, du régime fédéral, confédéral, voire colonial. Smuts était le mieux préparé dans sa rhétorique et son argumentation et savait que seul un compromis général et technique pouvait être accepté. Les revendications particulières ne recevraient donc pas d’approbation suffisante. Grâce à Smuts, à l’aide de promesses plus ou moins vagues, plusieurs compromis furent adoptés concernant le choix de la capitale sud-africaine (en fait trois capitales), les langues officielles (néerlandais et anglais) et même la taille standard de l’écartement des voies de chemin de fer. L’accord le plus dur à obtenir fut celui des délégués de la colonie de la rivière Orange (Etat libre d’Orange) représentés notamment par Marthinus Steyn et James Barry Hertzog. Ces derniers voyaient dans cette conférence un moyen que s’accaparait le Transvaal pour imposer un diktat aux Afrikaners. Ils refusaient toute union où les pouvoirs des parlements provinciaux seraient réduits. Ils furent finalement mis en minorité après l’accord général de toutes les autres délégations.
Les conclusions de la conférence furent résumées en une résolution finale faisant figure de projet de constitution à l’été 1909, finalement approuvée à l’unanimité des délégués.
Le projet de constitution fut ratifié par le parlement du Cap, celui de l’Orange et du Transvaal. C’est par référendum qu’il fut approuvé au Natal.
La constitution fut alors présentée au parlement britannique où elle fut également approuvée. C’est en décembre 1909 que le Roi Édouard VII la promulgua.
L’Union de l'Afrique du sud était née.
À Pretoria, désormais appelée à être la capitale administrative, et non la capitale unique qu’il aurait souhaité, Smuts fait appel à Herbert Baker pour construire un palais de gouvernement, les Unions Buildings. Le budget est alors de 1,5 million de livres (l’équivalent de 700 millions de livres en 2005).
Le tandem Sud-africain
Le tout nouveau gouverneur général d’Afrique du Sud, Lord Gladstone, avait la charge de choisir un premier ministre pour la nouvelle Union en attendant que des élections aient lieu. Il avait le choix entre John X. Merriman, premier ministre de la colonie du Cap et Louis Botha, premier ministre du Transvaal. Contre toute attente, les généraux boers de l’Orange, Steyn, Hertzog et Christiaan de Wet, appuyèrent la candidature de Merriman, dans le but inavoué de pouvoir unir les Afrikaners contre un Britannique unioniste. Mais Smuts plaida avec succès pour la candidature de Botha qui offrit à son ami trois des neuf ministères du nouveau cabinet, ceux de l’intérieur, des mines et de la défense. Smuts était de facto le plus puissant ministre du gouvernement signifiant qu’un tandem allait gouverner l’Union sud-africaine.
Une fois le cabinet constitué, il restait à lui donner une assise populaire. Les électeurs devaient désigner les premiers députés sud-africains. À cette fin, il fallait réformer le « Het Volk ». Smuts prit contact avec les petits partis afrikaans de chaque province pour former avec « Het Volk » un bloc unique face aux unionistes britanniques. Il obtint le ralliement de l’Afrikaner Bond et de Orangia Unie. Il obtint même le ralliement de Steyn et Hertzog à la bannière de Botha sous l’égide du tout nouveau Parti sud-africain (South African Party - SAP).
Aux élections de septembre 1910, le SAP remporta 67 des 130 sièges du parlement. Smuts était confirmé au poste de vice premier ministre de Louis Botha.
Le tandem du Transvaal commença à gouverner le pays. Cette domination transvaalienne commença rapidement à irriter les Afrikaners des autres provinces ainsi qu’à menacer l’unité gouvernementale. Henry Charles Hull, le ministre des Finances, fut le premier à être démis de ses fonctions à la suite d’une mésentente au sein du cabinet. Smuts récupéra alors son ministère, sans la moindre expérience en la matière, détenant alors quatre portefeuilles importants. Il commença de nouveau à être la cible de quolibets et de caricatures où l’Afrique du Sud finissait par être qualifiée de « démocratie en dépit de Jan Smuts » (a democracy, with due apologies to Jan Smuts).
Dans ce même gouvernement, James Barry Hertzog rongeait son frein au ministère de la Justice. Il refusait l’anglophilie dominante au sein du cabinet et dans lequel il incluait Smuts. Excédé par ses critiques, Botha lui proposa de se soumettre ou de se démettre. Hertzog refusa l’ultimatum conduisant Botha à dissoudre le cabinet pour démettre son ministre, faisant d’Hertzog, un martyr de la cause afrikaans.
À la conférence du SAP au Cap en 1913, Hertzog et Christiaan de Wet tentèrent de faire mettre Botha et Smuts en minorité pour les faire remplacer par Marthinus Steyn. En dépit des discours passionnés de de Wet et d’Hertzog sur l’influence étrangère, leurs motions furent rejetées à une grande majorité amenant les perdants à quitter bruyamment la conférence et le parti. Ces derniers formeront en 1914 le Parti national.
Quand la Première Guerre mondiale éclata, Smuts proposa immédiatement une assistance militaire au Royaume-Uni à la fureur des nationalistes afrikaners. En juillet 1915, Smuts prit le commandement des troupes d'invasion du sud-ouest africain allemand puis de celles de l'Est africain allemand où ses troupes conquièrent Dar es-Salaam.
En mars 1917, il conduisit la délégation sud-africaine au Royaume-Uni lors de la conférence impériale sur la guerre et entra dans le cabinet de guerre de David Lloyd George, le premier ministre britannique. C'est à cette époque qu'il contribue grandement à la création de la Royal Air Force (RAF) en 1918.
En 1919, Smuts représentait l'Afrique du Sud à la conférence de paix de Paris où il plaida la réconciliation entre Allemands et Français tout en approuvant le principe des réparations des dommages de guerre. Il fut aussi l'un des artisans de la création de la Société des Nations, en dépit de ses réticences concernant la montée en puissance de l'influence américaine. Il plaida pour que les anciennes colonies allemandes soient désormais gérées par des mandats délégués par la future SDN.
Le premier ministre
Revenu en Afrique du Sud après la signature du traité de Versailles, il succéda à Louis Botha après la mort de ce dernier en août 1919.
En 1922, son gouvernement réprime férocement la grève des mineurs afrikaners qui lui en garderont grief jusqu'à la fin de sa vie.
En 1924, Smuts est battu par les nationalistes de James Barry Hertzog.
Il revient aux affaires en 1934 avec la mise en place du gouvernement d'union nationale avec Hertzog. Son parti sud-africain fusionne avec le Parti national d'Hertzog dans un Parti Uni (UP).
En 1939, il est partisan de l'entrée en guerre contre l'Allemagne nazie au contraire d'Hertzog. La victoire de Smuts au parlement pour faire voter cette entrée en guerre scelle le sort du gouvernement d'union nationale et Smuts prend la tête d'un nouveau gouvernement qu'il cumule avec le poste de ministre de la Défense.
Durant la Seconde Guerre mondiale, très proche de Winston Churchill, Smuts accède au rang de Field Marshal (Maréchal).
Il est un des signataires du traité de paix de 1945 et contribue à la formation de la ligue des Nations et de l'ONU.
Contre toute attente, Smuts et le Parti uni sont battus aux élections générales de 1948 par le Parti national de Daniel Malan.
Smuts se retire dans sa résidence d'Irene près de Pretoria. Il est alors élu chancelier de l'Université de Cambridge, le premier étranger élu à ce poste.
Il meurt le 11 septembre 1950 dans sa résidence d'Irène.
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