Marc Andrew "Pete" Mitscher
Amiral
Hillsboro, Wisconsin - États-Unis, 26 janvier 1887 || Norfolk, Virginie - États-Unis, 3 février 1947
Était un pionnier de l'aviation navale et devint un amiral de la marine américaine, et plus particulièrement en service comme commandant de la Task Force de transporteur rapide dans le Pacifique durant la deuxième moitié de la Seconde Guerre mondiale.
Jeunesse et carrière
Mitscher est né à Hillsboro dans le Winsconsin le 26 janvier 1887, fils d'Oscar et Myrta (Shear) Mitscher. Le grand-père, Andreas Mitscher (1821-1905) était un immigrant allemand de Traben-Trarbach. En 1854, Andreas maria Constantina Moln qui était aussi de descendance allemande. Durant le boom des territoires de l'ouest, quand Marc avait 2 ans, sa famille s'est établie à Oklahoma City dans l'Oklahoma, où son père, un agent fédéral indien, est devenu plus tard le 2e maire de cette ville. En dépit de l'installation de la famille à Oklahoma, les dossiers attestent que Mitscher fréquenta les écoles élémentaires et secondaires à Washington, et qu'il reçut une nomination pour l'académie navale à Annapolis dans le Maryland en 1904 par le biais de Bird Segle McGuire qui était alors représentant américain.
Un étudiant indifférent avec un sentiment de morosité sur le maintien militaire, la carrière de Mitscher à l'académie navale ne présageait rien de bon. Il fut surnommé "Oklahoma Pete" avec le raccourci "Pete". Ayant très peu de points et ne faisant pas d'efforts en classe, Mitscher fut forcé de démissionner à la fin de sa deuxième année. Sur insistance de son père, Mitscher a redemandé et obtenu sa rentrée à l'académie. Cette fois, Mitscher stoïque travailla dur et le 3 juin 1910, il fut diplômé 113e sur une classe de 131 élèves. Après ses études, il passa deux ans en mer à bord de l'USS Colorado, et fut nommé enseigne le 7 mars 1912. En août 1913, il servit à bord de l’USS California sur la côte ouest des États-Unis durant la campagne mexicaine.
Mitscher s'est assez vite intéressé à l'aviation, demandant un transfert dans l'aéronautique à bord de l’USS Colorado dans sa dernière année comme aspirant, mais sa requête ne fut pas accordée. Après ses études il continua d'envoyer des requêtes pour son transfert dans l'aviation tout en servant sur le destroyer USS Whipple et USS Stewart en charge de la salle des machines, avant de recevoir ses ordres de transfert à la station navale aéronautique de Pensacola en Floride. Ensuite il fut affecté au croiseur blindé USS North Carolina qui était utilisé pour être expérimenté avec des avions, après avoir été équipé d'une catapulte. Mitscher se forma comme pilote, gagna ses ailes et sa désignation comme aviateur naval numéro 33 le 2 juin 1916. Près d'un an plus tard, le 16 avril 1917 il fit un rapport sur l'USS Huntington pour son service dans le cadre des expériences de catapultages d'avions. La marine était intéressée dans l'utilisation des avions à des fins de recherches et d'observations. Le lieutenant Mitscher fut alors mis au commandement du NAS Dinner Key à Coconut Grave en Floride. Dinner Key était le second plus grand centre naval aérien des États-Unis et était utilisé pour former les pilotes d'hydravions. Le 18 juillet 1918, il était promu lieutenant commandant. En février 1919, il fut transféré du NAS Dinner Key à la section aviation dans le bureau du chef des opérations navales, avant d'être transféré à la 1re division d'hydravions.
Affectations entre deux guerres
Le 10 mai 1919, il faisait partie d'un groupe d'aviateurs navals qui tentaient la première traversée transatlantique par air. Mitscher pilotait le NC-1, l'un des trois hydravions Curtis qui tentèrent le vol. Décollant de Terre-Neuve, il atteignit presque les Acores avant d'arriver dans un épais brouillard ce qui rendit le vol dangereux. Amenant l'hydravion vers le batailles dans ce qui semblait être une mer calme, un câble de contrôle cassa, laissant Mitscher et ses 5 membres équipages à rester au sommet des ailes supérieures en attendant les secours. Des trois d'avions, seul le NC-4 termina la mission avec succès. Pour sa participation à la mission Mitscher reçut la Navy Cross, la citation était : "Pour service distingué dans l'exercice de sa profession en tant que membre d'équipage de l'hydravion NC-1, qui a fait un long voyage de Terre-Neuve aux environs des Acores en mai 1919".
Mitscher prit ses fonctions à bord du mouilleur de mines Aroostook le 14 octobre 1919, servant sous le commandement du capitaine Henry C.Mustin. L'Aroostook était affecté à des fonctions temporaires de navire amiral pour le détachement aérien dans la flotte du Pacifique. Il fut promu lieutenant commandant le 1er juillet 1921. En mai 1922, il était détaché de l'escadron aérien de la flotte du Pacifique pour commander la station aérienne navale d'Anacostia. Au cours des deux prochaines décennies, Mitscher continua à travailler dans l'aviation navale, servant sur le porte-avions Langley et Saratoga, l'hydravion Wright, et en prenant le commandement de l'escadre de patrouille 1, en plus d'un certain nombre de missions à terre. Le Langley était le premier porte-avions de la marine. Un des problèmes importants était qu'il ne pouvait faire que 14 nœuds ce qui limitait sa portée pour lancer les avions. Cependant, Mitscher aida à développer de nombreuses méthodes pour que les avions puissent être pris en charge à bord des porte-avions américains. Étant assigné au commandement du groupe aérien pour le tout nouveau Saratoga, il fut le premier à faire atterrir un hydravion à bord. En 1938, il fut promu capitaine.
Seconde Guerre mondiale
Entre juin 1939 et juillet 1941, il servit comme chef adjoint au bureau de l'aéronautique.
La prochaine affectation fut comme capitaine sur le porte-avions USS Hornet de la classe Yorktown, en cours d'aménagement à Newport News en Virginie. Lors de sa mise en service en octobre 1941, il en assuma le commandement, prenant l'USS Hornet à la station navale de Norfolk pour sa période de formation. Il était en Virginie quand les Japonais attaquèrent Pearl Harbor. Mitscher travailla dur sur les nouveautés qu'apportaient les porte-avions et son équipage fut prêt pour le combat. Suite aux fouilles effectuées dans les Caraïbes, Mitscher fut consulté sur la possibilité de lancer des bombardiers longue portée du pont d'un porte-avions. Après avoir affirmé que cela était possible, les 16 bombardiers B-25 du raid Doolittle furent chargés sur l'USS Hornet pour un voyage transpacifique avec son propre groupe de vol placé sous le pont dans le hangar.
Durant la bataille de Midway, l'Hornet et l'Enterprise transportaient les groupes aériens qui composaient la frappe principale de la Task Force 16 tandis que le Yorktown était la pièce maîtresse de la Task Force 17. Mitscher avait le commandement des nouveaux porte-avions dans la bataille et des groupes aériens les moins expérimentés. Alors que la bataille se déroulait, les porte-avions japonais étaient aperçus le 4 juin à 234 degrés et à environ 140 miles de la Task Force 16, naviguant au cap Nord-Ouest. En traçant leur attaque, les commandants des groupes aériens n'étaient pas d'accord quant à la trajectoire d'interception. Le lieutenant commandant Stanhope C.Ring, commandant général des groupes aériens de l'Hornets, choisit une course de 263 degrés, presque exactement à l'ouest, comme la solution la plus probable pour les mener au groupe de porte-avions japonais. Il n'avait pas prévu que les Japonais tourneraient vers l'est dans le vent alors qu'il récupérait leur avion. Le lieutenant commandant John C.Waldron, aux commandes du 8e torpilleur, était fortement mécontent du plan de vol Ring. 30 minutes après que les groupes aériens de l'Hornet soient partis, Waldron se dégagea des avions de combat et des bombardiers, parvenant à suivre le cap des 240 degrés. Ce qui s'avérait être une excellente position vu que son 8e escadron de torpilleur pouvait voler directement à l'emplacement des porte-avions ennemis "comme sur un fil de plomb". Ils l'ont fait sans l'appui des avions de combat. Waldron a même réussi à aider les escadrons de l'USS Enterprise.
Waldron se rua le premier sur les porte-avions avions localisés. Il amena son groupe assez bas, ralentissant dessus. Sans escorte de combat et d'autres attaquants en main pour diviser les défenseurs, son groupe fut décimé par les défenseurs japonais à bord de leur zéro. Les 15 Devastator du VT-8 furent abattus. Bien que n'étant pas connus à l'époque, les vaillants efforts du 8e escadron manquèrent de toucher les porte-avions japonais. Sur les 8 hommes, seule l'enseigne George H.Gay jr survécu, 20 minutes plus tard, d'autres Torpedo firent leur propre attaque et furent accueillis avec la même intensité. Encore une fois aucune cible ne fut touchée, mais 5 des avions sont revenus de leur engagement. Bien que n'infligeant aucun dégât, les attaques des torpedos poussèrent les porte-avions japonais vers le bas et le nord-est ce qui changeait l'angle d'approche. Les bombardiers en piqué (SBD) du Yorktown venant du sud survolèrent les porte-avions japonais presque sans opposition. Ils réussirent à frapper un coup dévastateur au Kaga et à mettre une bombe sur le Akagi, alors que les SBD venant de l'est et de l'Enterprise plongèrent sur le Soryu et brisèrent son pont d'envol. Les trois navires furent incendiés, mis hors service et coulèrent plus tard le même jour. Ring enragé continua ses recherches à 260 degrés, volant vers le nord de la bataille. Dans l'impossibilité de trouver l'ennemi et à court de carburant, le groupe aéronaval de l'Hornets rebroussa finalement chemin vers l'Hornets où vers les îles Midway. 10 pilotes de la formation à court de carburant durent s'abandonner en mer. Plusieurs bombardiers SBD à court de carburant à mi-chemin D6rentrée abandonner leur approche de la base de Midway. D'autres bombardiers SBD tentant de revenir sur l'Hornets furent incapables de le retrouver et disparurent dans l'immensité du Pacifique. Tous ces appareils furent perdus même si un certain nombre de pilotes furent secourus par la suite. Du groupe aérien de l'Hornets seul 8 Torpedo sont revenus des combats contre l'ennemi. Le groupe aérien de l'Hornets eut un taux de perte de 50 %, sans parvenir à des résultats en combats.
La bataille fut une grande victoire et Mitscher félicita son équipe pour leurs efforts, mais les performances de l'Hornets ne furent pas à la hauteur de ses attentes et il sentait qu'il avait raté son coup. En plus, il eut le regret de perdre John Waldron et l'escadron 8. Durant les 3 années qui suivirent, il tenta à ce que l'unité reçoit la médaille d'honneur, mais sans succès. Les pilotes de l'escadron 8 reçurent finalement la Navy Cross. La perte de l'escadron 8 causa une grande douleur personnelle pour Mitscher.
Avant l'opération Midaway Mitscher fut promu amiral en vue de sa prochaine affectation, commandant de la patrouille Wing 2. Bien que Mitscher préférait être en mer, il occupa ce poste jusqu'en décembre quand il fut envoyé dans le Pacifique Sud comme commandant de la flotte aérienne Nouméa. Halsey déplaça Mitscher à Guadalcanal en avril 1943, affectant en plein cœur du combat comme commandant dans les îles Salomon (ComAirSols). À ce poste il dirigea un assortiment de l'armée, de la Navy, de la marine et de l'aviation de Nouvelle-Zélande dans la guerre aérienne au-dessus de Guadalcanal et des chaînes des Salomons. Mitscher dira plus tard que cette affectation pour diriger la guerre aérienne au-dessus de Guadalcanal était son plus grand devoir de guerre. Halsey dira : "je savais que nous serions probablement en enfer avec les Japonais dans les airs. C'est pourquoi j'ai envoyé Pete Mitscher là-bas. Pete était un combattant fou et je le savais".
Revenant dans le Pacifique central comme commandant de la 3e division de porte-avions, il prendra le contrôle opérationnel de la nouvellement formée Task Force de porte-avions, qui à ce moment-là était la Task Force 58 et qui faisait partie de la 5e flotte de l'amiral Raymond Spruance. À ce moment-là de la guerre, les porte-avions étaient capables d'apporter suffisamment de puissance aérienne pour infliger des dégâts importants sur les forces navales adverses, mais même lors de l'attaque des Japonais sur Pearl Harbor ils agirent comme un groupe de raid. La capacité de la puissance aérienne navale n'avait pas été pensée pour avoir la capacité de remettre en question la puissance aérienne terrestre sur le long terme. Mitscher était sur le point de changer cela, menant la puissance navale aérienne dans un nouveau domaine d'activité.
Avec le Lexington comme navire amiral pour sa Task Force, qui opérait alternativement comme la 3e flotte de la Task Force 38, il infligea des dommages sévères aux installations terrestres japonaises et contre les navires et la marine marchande ennemie. Sans complaisance, ses porte-avions de grandes envergures pilonnaient l'ennemi de Truk au Palaus, le long des côtes de la Nouvelle-Guinée, et dans les îles Mariannes. Ses aviateurs dévastèrent les porte-avions japonais dans la bataille de la mer des Philippines, également connue comme "Great Marianas Turkey Shoot", durant juin 1944. Suite à une frappe, il fut forcé de revenir au porte-avions dans l'obscurité, Mitscher gagna la gratitude de ses pilotes en allumant ses feux de position sur le pont d'envol, défiant les procédures standards navales et veillant à ce que la plupart d'entre eux soient récupérés.
Durant l'année suivante, ses porte-avions furent le fer de lance contre le cœur de l'empire japonais, couvrant successivement l'invasion de Palau, la libération des Philippines, et la conquête d'Iwo Jima et d'Okinawa. Durant ces opérations, il mena à plusieurs reprises ces porte-avions rapides vers le nord pour piller les îles japonaises. L'amiral Nimitz commenta la campagne d'Okinawa de l'amiral Mitscher : "il est l'officier le plus expérimenté et le plus habile dans la maniabilité des Task Forces de porte-avions. C'est l'officier qui a apporté la plus importante contribution afin d'exterminer la flotte ennemie".
Après-guerre
À la fin de la guerre et face à des dépenses militaires nettement réduites, une bataille politique s'ensuit sur les besoins militaires avec les défenseurs du corps de l'armée de l'air insistant sur le fait qu'avec le développement de la bombe atomique la nation pourrait être défendue par la puissance dévastatrice que les bombardiers stratégiques pouvaient désormais proposer, en supprimant les besoins pour l'armée et la marine. De leur point de vue, les moyens de la marine devaient être placées sous le contrôle de la bientôt formée force aérienne. Face à de telles propositions Mitscher resta un ardent défenseur de l'aviation navale, et alla jusqu'à publier la déclaration suivante à la presse : "Le Japon est vaincu et la suprématie des porte-avions avions la défaite. La suprématie des porte-avions a détruit l'armée. La suprématie des porte-avions a détruit la flotte. La suprématie des porte-avions nous a donné des bases adjacentes à leurs îles, et la suprématie des porte-avions a finalement quitté son apparence pour l'attaque aérienne la plus dévastatrice - la bombe à fission atomique - cet homme a souffert".
"Quand je dis que la suprématie des porte-avions a battu le Japon, je ne parle pas de la puissance aérienne en elle-même qui a gagné la bataille du Pacifique. Nous avons exercé notre suprématie de porte-avions dans le cadre d'un équilibre, intégrant les équipes aériennes, de surfaces et terriennes, dont ils peuvent être fiers d'avoir joué un rôle. Cela n'aurait pu se faire par une force aérienne distincte, exclusivement basée à terre où sans sous-marin de contrôle".
En juillet 1946, il retourna aux États-Unis comme chef adjoint des opérations navales aériennes. Mitscher reçut, entre autres récompenses, deux étoiles d'ors en lieu et place d'une deuxième et troisième croix de la marine et la médaille pour service distingué avec deux étoiles d'ors.
Il servit brièvement comme commandant de la 8e flotte et le 1er mars 1946 devint commandant en chef de la flotte Atlantique avec le grade d'amiral.
Lors de son activité à ce poste, Mitscher est décédé à Norfolk en Virginie à l'âge de 60 ans. Il fut enterré dans le cimetière national d'Arlington.
Héritage
Les mots de l'amiral Arleigh Burke apportent le plus grand hommage et la reconnaissance de son leadership.
"Il parlait à voix basse et utilisait peu de mots. Pourtant si grande était sa préoccupation pour ses gens (leur formation, leur bien-être et leur sauvetage au combat) qu'il était en mesure d'obtenir chaque parcelle de leur courage et loyauté, sans lesquels il n'aurait pas pu devenir l'un des meilleurs commandant de porte-avions dans le monde. Un bulldog du combat, un stratège doté d'une incroyable capacité à prévoir les prochains mouvements ennemis, il a toujours cherché la vérité tout au long de sa vie, il était avant tout autre, peut-être au-dessus de tous les autres, un aviateur naval".
Deux navires furent nommés USS Mitscher en son honneur : la frégate USS Mitscher, plus tard redésigné comme destroyer lance-missiles (DDG-35), et l'actuel servant sous l'amiral Arleigh Burke, le destroyer lance-missile USS Mitscher.
Le terrain d'aviation et une rue du corps aérien de la marine de la station de Miramar furent aussi nommés en son honneur (l'aérodrome Mitscher et la Mitscher way).
Le hall Mitscher à l'académie navale abrite des bureaux aumôniers, des salles de réunions et un auditorium.
Récompenses et décorations
- Naval aviator badge
- Croix de la marine avec 2 étoiles d'ors
- Médaille pour service distingué de la marine avec 2 étoiles d'ors
- La légion du mérite
- Presidential Unit Citation avec 2 étoiles
- Médaille de la campagne mexicaine
- Médaille de la victoire de la Première Guerre mondiale
- American Defense Service Medal
- Médaille pour la campagne américaine
- Médaille pour la campagne Asiatique - Pacifique avec une étoile d'argent et 3 étoiles de bronzes
- Médaille de la victoire de la Seconde Guerre mondiale
- Médailel de la libération des Philippines avec 2 étoiles
- Compagnon de l'ordre du Bain (britannique)
- Ordre de la Tour et de l'Épée (portugais)
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